#SAYHERNAME

#DITESSONNOM

24 June 2021

Les manifestations contre le racisme systémique envers les Noirs concernent presque
toujours les hommes et les jeunes hommes. Pourtant, les femmes et les jeunes femmes
noires ont-elles aussi une longue et douloureuse histoire liée à la brutalité policière.

Cependant, les femmes noires n’attirent pas la même attention que leurs homologues masculins à cet égard. En février 2015, la professeure de droit Kimberlé Crenshaw et le African American Policy Forum ont créé le mot-clic #Sayhername pour contester l’invisibilité des femmes noires tuées par les forces policières et pour attirer l’attention au sujet de la violence faite aux femmes noires. Une violence d’État trop souvent oubliée.

Pour bien saisir le drame des meurtres par les forces policières de Breonna Taylor aux États-Unis et de Regis Korchinski-Paquet au Canada, nous devons comprendre l’héritage de l’esclavage et son impact sur la vie et l’expérience des femmes noires. Crenshaw note : « Nous ne racontons pas les histoires qui relatent du manque de respect dont les femmes noires ont fait l’objet dans le passé. Alors, sans surprise, lorsque la police traite les femmes noires de manière à perpétuer cet héritage, nous ne connaissons jamais leur histoire ». Trop souvent, les femmes noires sont écartées des discussions sur la race, les relations raciales et le racisme en général en raison du fait que leurs propres histoires ont été effacées ou ignorées.

Il est difficile de réduire à 5 le nombre d’ouvrages incontournables qui racontent à la fois la violence raciste à l’égard des femmes noires et leur refus de céder à cette oppression. Néanmoins, les lectures suivantes sont essentielles pour comprendre le passé au temps présent. Ces ouvrages décrivent en détail l’inimaginable violence qu’ont subie les femmes noires réduites à l’esclavage et traitent aussi de leur résistance face à cette oppression. Ayant cours à travers les Amériques, ces récits dramatiques établissent un lien entre la longue histoire de l’esclavage et du racisme anti-noir au Canada et les pratiques et politiques discriminatoires qui perdurent encore aujourd’hui.

Afua Cooper’s La pendaison d’Angélique : l’histoire de l’esclavage au Canada et de l’incendie de Montréal, de l’auteure Afua Cooper, est un poignant récit qui relate l’histoire de Marie-Joseph Angélique, une esclave condamnée à mort pour avoir provoqué un incendie qui a détruit un quartier entier de Montréal en avril 1734. Ce récit historique déboulonne le mythe selon lequel le Canada est « exempt de racisme » et met en lumière les 200 ans d’esclavage au Canada.  

 Aminata ou The Book of Negroes, de l’auteur Lawrence Hill, raconte l’histoire captivante de Aminata Diallo, une jeune fille d’Afrique de l’Ouest enlevée et déportée vers une plantation en Caroline du Sud. Des années plus tard, Aminata échappe à l’esclavage et retrouve la liberté en Nouvelle-Écosse, où elle découvre une société imprégnée de racisme anti-noir et rejoint 1 200 anciens esclaves dans un pénible voyage de retour vers l’Afrique.

And I Alone Escaped to Tell You est un ouvrage de l’auteure Néo-Écossaise Sylvia Hamilton. L’auteure consulte plusieurs documents d’archives pour réimaginer la vie et l’expérience des premiers Néo-Écossais noirs dans leur lutte pour la liberté. Parmi eux des esclaves, mais aussi des fugitifs en soif de liberté (freedon runners). Ce recueil de poésie émouvant témoigne des espoirs et des rêves que caressaient les anciens esclaves du Canada.  

At the Full and Change of the Moon, de l’auteure Dionne Brand, raconte l’histoire de Marie Ursule, une femme noire réduite à l’esclavage dans un domaine de Trinidad qui mènera avec d’autres esclaves une révolte majeure. Le livre raconte également les histoires interconnectées de ses descendants à travers les États-Unis, le Canada et l’Europe, et dont les vies sont hantées par l’héritage de l’esclavage et de la résistance.

NoirEs sous surveillance. Esclavage, répression et violence d’État au Canada, de l’auteure Robyn Maynard, retrace l’histoire de la vie des Noirs au Canada depuis l’esclavage, plus particulièrement au sujet des réalités violentes et des défis supplémentaires auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles noires. Au cours du récit, l’auteure réimagine une société plus juste et plus équitable au Canada.

Durant le Mois de l’histoire des Noirs, il est important de reconnaître que nous vivons sous l’ombre persistante de l’esclavage. Les femmes et les filles noires continuent de vivre dans la pauvreté et souffrent de nombreux problèmes de santé. Elles subissent des violences dans les sphères publiques et privées et ont du mal à accéder à l’emploi, au logement et aux services publics. Alors que les débats au sujet de la race et des relations raciales au Canada se poursuivent, nous devons, pour avancer, reconnaître que l’esclavage est aussi une histoire canadienne. 

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